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L’artisanat à Marrakech- Safi : Face aux énormes atouts, des ambitions légitimes

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Par : Samir LOTFY

L’un des piliers majeurs du tissu socio-économique au niveau de la région Marrakech-Safi, l’artisanat qui a subi de plein fouet, plus de deux ans durant, les répercussions néfastes d’une crise pandémique sans précédent, recèle des atouts indéniables, à même de garantir sa relance post-Covid sur des pas sûrs, et par là de nourrir des ambitions légitimes, notamment avec l’engagement constant des principaux acteurs de ce secteur.

Si la relance de ce secteur qui demeure très sensible à la conjoncture mondiale actuelle ne serait pas, certes, une entreprise “aisée” notamment, face à la morosité des principaux marchés économiques et à la flambée des prix des matières premières, l’ambition des principaux acteurs du secteur, au niveau national comme à l’échelle régionale, est plus grande et les efforts ne manquent dans ce sens pour que l’artisanat puisse trouver son lustre d’antan et continuer à contribuer, comme il se doit, à l’offre d’emplois et à la création de valeur ajoutée considérable.

En chiffres, le secteur de l’artisanat au niveau régional compte près de 120.000 artisans qui exercent plusieurs métiers (poterie, tissage, tapisserie, cuir, cuivre, et bois…), avec une forte concentration au niveau de la préfecture de Marrakech et des zones limitrophes, ainsi que dans les provinces d’Al Haouz, Chichaoua, Essaouira et Safi.

Les exportations des produits de l’artisanat au titre de 2021 ont généré une valeur de l’ordre de 279.984.305 DH contre seulement 160.237.926 DH en 2020, soit une hausse remarquable de 75%, selon les données de la Chambre Régionale de l’Artisanat Marrakech-Safi, qui attribue cette performance à la hausse des exportations des produits en cuivre et des tapis.

“Durant la même période, plus de la moitié des exportations de l’artisanat au niveau de Marrakech a été composée des produits du tissage, de la poterie et de la pierre, outre les articles en cuir”, précise-t-on de la même source, qui indique que le marché européen, en l’occurrence la France est arrivée en tête des pays importateurs de l’artisanat de Marrakech avec 23%, suivi des USA (16%) et puis des pays arabes, avec 12%.

Quant au nombre des coopératives professionnelles, il s’élève à 946, dont 292 au niveau de la préfecture de Marrakech, 145 à Al Haouz, 98 à Chichaoua, 87 à Essaouira, 135 à Safi, 82 à Youssoufia, 52 à Rehmna et 55 à El Kelaâ des Sraghna, précise la même source, rappelant que le nombre total des adhérents à ces coopératives s’élève à 6.891.

Pour les nouvelles coopératives créées en 2021, le nombre s’élève à 164, dont 71 à la préfecture de Marrakech, 29 à Al Haouz, 16 à Chichaoua, 11 à Essaouira, 15 à Safi, 15 à Youssoufia, 02 à Rehamna et 05 à El Kelaâ des Sraghna, ajoute la même source.

Sur un autre registre, il convient de noter que la région Marrakech-Safi occupe la seconde place à l’échelle nationale en ce qui concerne le nombre d’unités disposant d’un label national de l’artisanat “Morocco Handmade” et qui est de l’ordre de 141, dont 63 se concentrent dans la seule préfecture de Marrakech.

En matière de formation, la région compte un nombre conséquent de Centres entièrement équipés et dotés de cadres compétents, qui assurent des formations dans différents métiers au profit des jeunes, assurant ainsi la pérennisation et le transmission de tout un legs aux jeunes générations.

Ces indicateurs, tous “au vert” parmi d’autres, conjugués à la relance de l’activité touristique à l’échelle nationale, et à une batterie de mesures prises par le gouvernement pour sauver tout un savoir- faire ancestral et une composante fondamentale de l’identité nationale du Royaume, laisse augurer d’un avenir prometteur pour ce secteur emblématique.

En outre, l’artisanat ne cesse de bénéficier d’un accompagnement et d’un appui considérables de plusieurs intervenants, dont le ministère de tutelle et la Chambre Régionale de l’Artisanat Marrakech-Safi qui, depuis le déclenchement de la crise pandémique et même avant, n’ont jamais lésiné sur les moyens pour venir en aide aux artisans en difficultés, sauver les métiers en voie d’extinction, valoriser les produits de l’artisanat et promouvoir leurs circuits de commercialisation, et surtout promouvoir la formation continue et la formation par apprentissage.

Dans une interview accordée à M24, la chaine télévisée de l’information en continu de la MAP, le président de la Chambre Régionale de l’Artisanat, M. Hassan Choumais, s’est attardé sur la crise pandémique et ses répercussions lourdes sur le secteur de l’artisanat au niveau de la région Marrakech-Safi, avec un focus sur la crise mondiale actuelle, qui risquerait sur le long terme d’accentuer la vulnérabilité de ce secteur.

Il a, dans ce sens, estimé que malgré la dynamique enregistrée au plan interne durant la saison estivale 2022 en raison du décollage du tourisme, le secteur de l’artisanat requiert la fédération des efforts de tous afin d’assurer sa relance sur des bases sûres et solides.

Dans la foulée, M. Choumais a souligné l’impératif de multiplier l’organisation de Salons, de Foires et d’Expositions entièrement dédiés à l’artisanat, d’inciter les consommateurs à s’imprégner cette culture de retour aux racines en achetant des produits de l’artisanat, et d’oeuvrer afin de trouver des moyens innovants pour un meilleur financement du secteur.

 

Interrogé, par ailleurs, sur les mesures prises en vue d’améliorer la situation socio-économique des professionnels du secteur, il a fait savoir que si les changements géopolitiques et stratégiques survenus sur le plan international ont imposé aux Etats de revoir certaines de leurs priorités économiques et sociales, le Maroc, sous le conduite éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, a choisi de poursuivre la réalisation de ses grands chantiers sociaux, en l’occurrence le chantier de la couverture sociale qui constitue, sans nul conteste, un projet sociétal et solidaire, l’unique du genre en ce sens qu’il vient conforter encore une fois les principes d’entraide et de solidarité effective entre tous les Marocains.

C’est une “révolution effective”, à même d’ouvrir la voie à davantage de justice sociale et territoriale, à la faveur de la préservation de la dignité du citoyen marocain, s’est félicité M. Choumais, notant que la Chambre Régionale de l’Artisanat n’a ménagé aucun effort afin que l’ensemble des artisans relevant de son territoire de compétence puisse bénéficier de la couverture médicale en tant que pilier indispensable de la couverture sociale, tout en continuant à les inciter et les encourager à s’inscrire au Registre National de l’Artisanat (RNA).

Et de poursuivre que la Chambre Régionale de l’Artisanat n’a pas tardé à mobiliser l’ensemble de ses moyens humains, financiers et logistiques pour une véritable concrétisation, dans les faits, de ce chantier Royal de grande envergure, et ce, à travers l’organisation d’une dizaine de rencontres de sensibilisation au profit des artisans sur l’importance de cette démarche, avec un focus sur la pertinence du chantier de la couverture médicale.

Cette instance professionnelle veille, en outre, à dépêcher ses équipes au niveau de plusieurs collectivités territoriales relevant des différentes provinces de la région à l’effet d’assister les artisans et de les initier aux procédures et techniques relatives à l’inscription au Registre National de l’Artisanat, tout en leur fournissant les informations nécessaires en la matière, a-t-il ajouté.

Sur un autre registre, M. Choumais a passé en revue une panoplie de mesures prises par la Chambre Régionale de l’Artisanat afin de booster la dynamique de ce secteur et tirer vers le haut son rendement.

Dans ce sens, il a fait savoir que l’accent est mis sur la mise en place d’un plan d’action scindé en quarte axes majeurs, à savoir “la structuration du secteur”, “la formation et la formation continue”, “l’appui à la promotion et à la commercialisation”, et “le développement d’une infrastructure moderne et entièrement dédiée au secteur”, notant que l’objectif ultime étant de consolider davantage la place de l’artisanat et de permettre sa parfaite intégration dans un tissu économique “structuré”, de manière à contribuer et mieux tirer profit des recettes générées par le développement économique enclenché au niveau régional.

La Chambre Régionale de l’Artisanat ne cesse de placer la promotion de la digitalisation et de la numérisation auprès des artisans au coeur de ses priorités, a expliqué M. Choumais, mettant en avant l’intérêt qu’offrent les plateformes digitales aux artisans en leur permettant d’exposer et de vendre leurs produits.

Dans le cadre de sa démarche pragmatique et de ses interventions concrètes sur le terrain, la Chambre Régionale de l’artisanat veille à l’organisation d’expositions et de Salons commerciaux dédiés à l’artisanat, afin d’offrir aux artisans l’opportunité de tisser des relations commerciales fructueuses, d’établir des partenariats, et d’entrer en contact direct avec les clients, a poursuivi M. Choumais, notant qu’un intérêt particulier est accordé à l’organisation des artisans dans le cadre de coopératives, d’entreprises et d’auto-entreprises.

“Nous organisons également une série de rencontres de communication autour des multiples programmes de financement +Entelaka+, +Awrach+ et +Forsa+ sans omettre les programmes de l’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH)”, a-t-il dit, notant que la Chambre Régionale de l’Artisanat ne ménage aucun effort pour tenir une communication permanente et soutenue sur la loi 50-17 relative à l’exercice des activités de l’artisanat.

Cette instance professionnelle veille aussi à l’achèvement de la formation dans le cadre du programme de formation par apprentissage, tout en tenant des rencontres de communication avec les artisans selon les métiers (poterie, couture…), afin d’identifier conjointement les contraintes, et par là, d’engager une réflexion approfondie sur les solutions à apporter.

Et de conclure en affirmant qu’un autre effort engagé via, le lancement d’une série de concertations avec les acteurs locaux, en vue d’établir des partenariats agissants pour le financement de projets et de programmes, notamment dans les domaines de la commercialisation, de la modernisation des techniques et outils de production, de la formation et des subventions des matières premières.



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